Haut potentiel : appellations et approche

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Surdoué, atypique, multipotentiel, haut potentiel (HPE/HPI), surefficient, … Ou encore, asperger, TDA(H), précoce, EIP, autiste…

Autant d’appellations qui s’entrechoquent dans l’esprit de celles et ceux qui se sentent souvent en décalage, sans pour autant en saisir les subtilités. Ou encore, qui suscitent de la curiosité auprès de leurs contemporains, lesquels nourrissent peut-être l’espoir ou l’intérêt de parvenir à comprendre ces individus dont les réactions, l’attitude, le fonctionnement, apparaissent parfois comme étant “différents”, hors normes… et même parfois, dérangeants.

Une femme qui s'interroge

Où se situent donc ces fameux “Zèbres” * qui, au bénéfice d’une fréquente méconnaissance générale relative à certains processus comportementaux particuliers, se voient ainsi souvent – par erreur – étiquetés de caractéristiques, voire de pathologies, qui ne les concernent finalement que très peu ?

(* Appellation imagée de la psychologue Jeanne Siaud-Facchin)

Ces différentes catégories ou appellations peuvent aisément être confondues. Par ailleurs, celles et ceux qui sont concernés par l’une ou l’autre d’entre elles adoptent parfois des comportements communs. Dans les faits, il apparaît que  le phénomène peut trouver son origine à différents niveaux : biologiques, chimiques, voire même génétiques.

Aux fins de tri, d’éclaircissements, et de bonne compréhension, un petit détour par la case “dictionnaire” s’impose…

Quelques définitions

Dictionnaire

Autisme

L’autisme est un trouble neurologique qui affecte le comportement d’une personne, principalement au niveau de ses interactions sociales. Sa communication verbale et non-verbale en est par conséquent fortement troublée.

Dans la plupart des cas, un individu autiste aura des activités et des centres d’intérêt restreints, stéréotypés et, surtout, répétitifs.

Indépendamment de leur maîtrise généralement faible du langage, les personnes touchées par l’autisme bénéficient toutefois de compétences spécifiques. Exemples fréquemment constatés : une grande attention visuelle, ou encore, une perception pointue des détails. Ces avantages leur offrent alors d’immenses capacités intellectuelles, dont par exemple au niveau des mathématiques.

Asperger

Cette forme d’autisme, découverte par le psychiatre viennois Hans Asperger dans les années 40, est un trouble qui se manifeste dès l’enfance.

Particulièrement envahissant pour les personnes concernées, son origine neurobiochimique s’associe à un problème génétique qui affecte l’activité du cerveau. Il en ressort de grandes difficultés à établir des relations sociales et à interagir avec d’autres personnes.

Qualifié de handicap, ce syndrome touche toutefois des sujets dont l’intelligence – intacte et généralement puissante – leur permet d’exceller dans des domaines qui les passionnent.

Hans Asperger

Atypique

“Qui ne répond pas au type habituel”. En d’autres termes, qui sort du lot, ou qui s’écarte de la normalité.

La question à se poser alors est : qu’est-ce donc que la normalité, valeur subjective s’il en est !? Voilà l’une des nombreuses thématiques traitée sur Planète Zèbres, dans le cadre d’une approche des notions d’excès et de perfectionnisme.

Surdoué

Encore une évaluation, sur une échelle prédéfinie, et validée (ou non) par des tests…

Il s’agit ici de quantifier le niveau d’intelligence dont dispose un individu afin de le comparer à une moyenne que, par définition, il dépasse.

Précoce

Dans la lignée du surdoué, le sujet dit “précoce” est considéré comme disposant de capacités intellectuelles supérieures par rapport aux autres individus de son âge ou, à l’inverse, dont les aptitudes générales sont comparables à des congénères plus âgés que lui.

Dans la pratique, l’on parlera d’un “adulte surdoué”, mais d’un “enfant précoce” (ou EIP, pour “Enfant Intellectuellement Précoce”). Potentiellement, ce dernier pourra également passer certains tests en ce sens dès l’âge de trois ans.

Echelle

TDA(H)

… pour “Trouble du Déficit d’Attention”, avec ou sans “Hyperactivité”.

Il s’agit d’un problème neurologique qui apparaît généralement dès l’enfance. Son origine, purement biologique, est liée à certaines anomalies du développement et du fonctionnement du cerveau.

Les personnes touchées connaissent principalement des difficultés d’attention, mais aussi, d’impulsivité, lesquelles affectent parfois considérablement leurs sphères sociales, qu’elles soient familiale, scolaire ou professionnelle.

A noter toutefois qu’il n’existe aucune interaction entre ce type de troubles et l’intelligence en général.

Et le “Haut Potentiel”, dans tout ça ?

Quatre catégories distinctes, quoique complémentaires, regroupent les personnes dites à « Haut Potentiel » :

  • HPI – pour “Haut Potentiel Intellectuel”
  • HPE – pour “Haut Potentiel Emotionnel”
  • HPC – pour “Haut Potentiel Créatif”
  • HPR – pour “Haut Potentiel Relationnel”

Quelles différences?

Neurones

Le Haut Potentiel Intellectuel fait référence à une intelligence cognitive reconnue comme étant élevée. Celle-ci peut être évaluée par différentes catégories de tests destinés à différentes tranches d’âges. Ces tests permettent généralement d’établir un niveau de Quotient Intellectuel (QI).

Toute personne dont le QI se situe à un niveau égal ou supérieur à 130 est usuellement considérée comme étant HPI.

A noter à ce niveau que certaines techniques d’imageries médicales, telles que la résonance magnétique (ou IRM), peuvent montrer chez des sujets HPI de multitudes connexions neuronales, lesquelles sont d’ailleurs souvent considérées comme étant la source d’une pensée spécifique, dite “en arborescence”.

Au-delà de cette dernière particularité, les personnes HPI présentent souvent différentes caractéristiques particulières, telles que :

  • beaucoup d’empathie
  • une grande curiosité sur ce qui les entoure
  • un perfectionnisme exacerbé, voire beaucoup d’excessivité
  • une pensée fortement guidée par l’intuition

Le Haut Potentiel Emotionnel se caractérise par une sensibilité généralement importante.

Sans nécessairement disposer d’une intelligence réellement cognitive, propre aux HPI, le HPE sera davantage détecté par une approche basée sur un bilan psychologique.

En surplus des caractéristiques de type HPI dont il dispose également, le HPE sera souvent considéré comme étant particulièrement affecté par :

Emotion
Couleurs

Le Haut Potentiel Créatif, reconnu sur le tard par les spécialistes, tend à montrer des aptitudes hors-normes quant à des aspects purement créatifs (peu importe d’ailleurs le domaine).

Son mode de fonctionnement particulier le mène souvent à être reconnu pour :

  • son énergie, souvent débordante (parfois qualifiée d’ “hyperactivité“)
  • son sens de l’observation particulièrement développé
  • sa capacité à vouer une véritable passion pour de nombreux domaines d’activité
  • sa curiosité, pointue et non-sélective

Le Haut Potentiel Relationnel développe des aptitudes spécifiques dans les relations qu’il entretient avec son entourage. Celles-ci peuvent être autant porteuses, que parfois compliquées – voire même destructrices.

Par ses capacités notables à percevoir “l’autre”, le Haut Potentiel de type Relationnel disposera de certaines caractéristiques particulières :

  • au-delà d’une empathie exacerbée, grande compassion envers autrui
  • recherche volontaire d’anticonformisme
  • sentiment important de solitude, avec repli sur soi-même
  • contestation régulière de l’autorité
Groupe de personnes

A l’instar de l’appellation anglo-saxonne du phénomène (à savoir, “gifted”, pour – certes – “doué”, “talentueux”, ou encore “brillant”, mais aussi “offert” ou “don”), la personne dite “Haut Potentiel” dispose donc simplement d’un potentiel de développement important à certains niveaux.

Il s’agit donc, ni plus ni moins, de possibilités qui lui sont offertes par le biais de différentes caractéristiques liées exclusivement à une connectique rare et originale qui s’opère dans son cerveau. Il n’est donc nulle part question ici de conséquences génétiques, de troubles médicalement avérés ou d’un quelconque handicap, et encore moins d’une intelligence supérieure, même si bel et bien différente.

“Intelligent(e), … moi ??”

Un homme qui s'interroge

Enrichi en 1993, c’est environ dix ans plus tôt que le concept d’ “Intelligence multiple” a déjà été suggéré par le psychologue américain Howard Gardner, en présentant ainsi neuf formes d’intelligence :

Linguistique
Logico-mathématique
Spatiale
Intrapersonnelle
Interpersonnelle

Corporelle-kinesthésique
Musicale
Naturaliste
Existentielle (ou spirituelle)

La réponse est donc : oui, nous sommes toutes et tous intelligents, sans la moindre exception. Toutes et tous disposons effectivement de capacités propres, et plus particulièrement, dans un domaine et/ou dans un autre.

Etre HP : avantage ou inconvénient? Force ou faiblesse? Cadeau ou fardeau*?

* du titre du livre de Valérie Foussier : “Adultes surdoués : cadeau ou fardeau?”

Impossible de fournir une réponse globale et généraliste à cette question, que se posent tant les Zèbres eux-mêmes, que leur entourage. La raison ? Tout dépend de trois éléments essentiels :

  • La prise de conscience : nombreuses et nombreux sont les HP qui s’ignorent
  • L’acceptation : généralement peu sûr de lui, le HP qui se découvre doute souvent de ses propres capacités
  • L’action : à savoir, la réaction, l’attitude, l’ambition et la clairvoyance de l’individu concerné, face à ce constat – inéluctable – de son propre mode de fonctionnement, effectivement particulier

L’absence de compréhension du phénomène, le regard des autres, les difficultés quotidiennes – souvent incomprises –, sont autant de freins à l’action que de sources de souffrances pour les HP. D’ailleurs, la problématique se vérifie tant dans la sphère personnelle que professionnelle, au sein desquelles il est alors complexe de s’intégrer.

Les faiblesses

Défi

Car forte de ses aptitudes particulières, la personne à “Haut Potentiel” se retrouve logiquement confrontées à de nombreux défis quotidiens.

Il s’agit en effet pour elle d’évoluer dans un univers de “normopensants”, de surcroît majoritaires (environ 90% de la population), lesquels y ont d’ailleurs créé leurs propres codes.

L’hémisphère gauche du cerveau, où la logique, le rationnel, ou encore le séquentiel, règnent en maîtres, s’oppose alors drastiquement au droit, nettement plus utilisé par les HP. Ces derniers développent quant à eux des procédés spécifiques basés sur l’instinct, l’intuition, voire sur une véritable construction de l’environnement par leur pensée en arborescence.

Ce mode de fonctionnement se révèle dérangeant pour les autres, qui perçoivent alors le HP comme un être insaisissable, instable, et même dérangeant. Sa façon de percevoir le monde qui l’entoure par le prisme de l’affect plutôt que du rationnel renforce encore davantage sa sensibilité qui, en définitive, le rend fragile. Les éléments qu’il capte, imperceptibles pour les autres, le mène à adopter des attitudes et réactions jugées finalement comme étranges par son entourage.

Cette grande sensibilité crée d’ailleurs chez lui un besoin considérable d’être perpétuellement rassuré, entouré, encouragé. Paradoxalement, alors que le HP aspire généralement à être discret, cette façon d’être induit chez lui un profond besoin d’attention des autres qui, en définitive, handicape considérablement ses relations avec son entourage.

Conjointement, sa fragilité est régulièrement exacerbée par son empathie naturelle par laquelle – sans pour autant être compatissant – il s’imprègne sans retenue et inconsciemment des émotions de celles et ceux qui l’entourent, avec pour finalité, une charge émotionnelle importante. En définitive, naît alors chez lui une véritable nécessité que son entourage se sente bien pour qu’il se sente bien lui-même ! A défaut, le HP tend à s’isoler, ce qui constitue finalement pour lui le meilleur des moyens de protection.

Souvent confronté à un certain vide identitaire (ce qui fait d’ailleurs d’eux des proies faciles pour les manipulateurs et les pervers narcissiques), les HP adoptent alors souvent de nombreuses et épuisantes stratégies d’adaptation – le fameux « faux-self » – , volontaires ou involontaires, conscientes ou inconscientes. Ce procédé les mènent d’ailleurs à considérablement affecter leur confiance en eux, ainsi que l’estime qu’ils nourrissent envers eux-mêmes. Leur cerveau bouillonne, et constitue ici une véritable usine à doutes !

Fragilité

L’image que l’on a d’eux est, à leur sens, bien plus importante que celle qu’ils ont d’eux-mêmes. Leur objectif principal est de s’intégrer au sein de leur entourage, même si cette démarche doit passer par des subterfuges ou des actes vides de sens, voire artificiels. Dans cette logique, le HP offrira par exemple son aide à outrance, ou tentera – avec excès – d’amuser la galerie.

Les forces

A l’inverse, le mode de fonctionnement du HP présente de très nombreux avantages.

En effet, en étant capable de saisir une quantité impressionnante d’informations – dont inconsciemment –, le HP construit tant pour lui que pour son entourage un centre de décisions puissant et fiable. Celles-ci sont prises de façon réfléchie, sur base de nombreuses expériences passées, dont chaque détail est pris en considération pour la construction d’un futur prometteur et sécurisant.

Réunion

Même si parfois considéré comme étant surprenante, la lucidité du HP offre de grandes perspectives dans la construction de projets ambitieux. Tous les éléments sont pris en compte, sans exception, avec en finalité une réalisation adéquate et appréciée.

En outre, la centralisation de la gestion de tels projets en les mains d’un HP offrira d’excellentes garanties de satisfaction pour l’ensemble des intervenants, dont les souhaits et désidératas (pas forcément exprimés) auront alors été parfaitement perçus et donc pris en compte.

Le HP nourrit de grandes et indéfectibles valeurs. Tant qu’il n’est pas déçu ou trahi, il est donc 100% fiable, loyal et de confiance. Précise et pointilleuse, une personne HP offrira d’ailleurs une grande précision de réalisation.

En perpétuelle recherche d’harmonie – source pour lui de stabilité et de confiance –, le HP sera capable de grandes capacités d’adaptation vis-à-vis de son entourage. Pour autant qu’il se respecte lui-même, cette qualité offre de vastes possibilités de leadership dans la gestion d’un groupe de travail.

Enfin, très autonome, la personne HP n’a guère besoin de hiérarchie ou d’autorité. Son indépendance soulage l’organisation de la délégation, et permet d’alléger toute structure fonctionnelle.

En définitive…

Peu importe la méthode adoptée, régulière et suivie, ou au contraire, sporadique et inconstante, c’est bel et bien vers des cieux nettement plus cléments que s’avancent celles et ceux qui parviennent à gravir ces marches de progrès indispensables, et salutaires pour leur bien-être.

Voilà bien l’ambition de Planète Zèbres : par le biais de différents supports ludiques et interactifs (articles, vidéos, podcasts, ateliers, chroniques, formations, …) et de nombreuses sources diverses et variées (livres, interviews, publications journalistiques, études scientifiques, cas vécus, …), l’objectif est de rassembler ici toutes les informations pertinentes sur ce vaste sujet, de les résumer, de les classifier thématique par thématique, et de les offrir au plus grand nombre, effectivement Haut Potentiel, … ou pas… et effectivement détecté, … ou pas !

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